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La fièvre            

 

Dernière mise à jour : 2023-03-18

 

 

La fièvre n'est pas une maladie : elle représente une défense "non spécifique" (composant de l'immunité innée) que l'organisme met en place pour se défendre contre une infection. L'organisme passe à une température supérieure sous l'effet de substances chimiques appelées "pyrogènes" (puro = feu), qui sont sécrétées par les globules blancs et les macrophages exposés à des bactéries ou certaines substances étrangères à l'organisme. La fièvre constitue une preuve surmontée naturellement par l'organisme. Il s'agit donc d'une réaction physiologique immunitaire tout à fait normale et salutaire.

 

Une infection, qui produit de la fièvre, actionne une série de mécanismes lancée par nos cellules de défense contre les agresseurs. Elles produisent des molécules signal pour sécréter des substances fibrogènes ou pyrogènes. Qui plus est, ces signaux incitent l'hypothalamus à augmenter le thermostat du corps jusqu'à la fièvre.

 

Des que le thermostat corporel a été augmenté, la température corporelle semble trop froide. Même bien emballé, on frissonne (les muscles contribuent ainsi à la montée de la température) et la température corporelle grimpe.

 

Dès que le corps atteint la température de fièvre, le fiévreux se sent mieux. Bien que encore chaud et malade, il supporte la fièvre sans trop de inconvénients. Uniquement lorsque la température corporelle est trop haute ou trop basse, le fiévreux en souffre.

 

L'administration d'antipyrétiques inhibera les actions bénéfiques de la fièvre.

 

    • Avec la fièvre, le coeur accélère son rythme et toutes les réactions chimiques s'enchaînent, y compris la fabrication des anticorps (des cellules B et T) et la production des substances (interférons) qui participent à la défense immunitaire et aux processus de réparation. La fièvre active donc la défense.

    • Elle agit également sur le système lymphatique, avec un débit journalier qui passe de 1 litre à 3 ou plus (5l/24u), ce qui permet d'extirper des tissus les déchets digérés et de les renvoyer dans le système veineux, vers les émonctoires (peau, poumons, foie et reins). La lymphe sert comme "égout" pour évacuer le plus vite possible les déchets et toxines.

    • Avec la fièvre, la circulation sanguine plus rapide accélère la distribution de nutriments, d'oxygène et de messagers chimiques (les hormones) aux cellules.

    • En outre, la fièvre entraîne l'arrêt généralisé des réactions enzymatiques dans les liquides biologiques (sang, lymphe, plasma interstitiel). Par contre, dans la cellule, les enzymes impliquées dans la purification de l'organisme deviennent plus actives à 38-39°C : les réactions chimiques s'accélèrent et les cellules libèrent plus d'énergie...

    • Avec la fièvre, les épisodes du sommeil à ondes lentes, considérés comme réparateurs pour le cerveau, deviennent plus nombreux.

    • La fièvre a une action directe contre les bactéries qui seraient responsables de l'infection. D'abord en limitant la sécrétion des toxines. Et puis, vers 40 à 41°C, en ralentissant leur prolifération.

    • Une infection et une forte fièvre (jusqu'à 41°C) peuvent provoquer une forte réaction immunitaire, capable de détruire les cellules cancéreuses. Dans la plupart des régressions, les patients semblent avoir connu une infection importante après avoir déclaré leur cancer. Ce principe est à la base de la thermothérapie (hyperthermie).

 

Parce qu'elle sort de la norme, la fièvre inspire une certaine crainte. On entend souvent : la fièvre peut tuer au-delà de 41°C, elle peut aussi provoquer des convulsions (ce n'est pas forcement grave mais elles peuvent laisser des séquelles), des déshydratations mortelles. Ces craintes sont répandues dans l'opinion publique et c'est surtout pour les enfants qu'on est le plus inquiet.

 

La fièvre n'est rien, la maladie c'est tout : en d'autres termes, c'est le malade qu'il faut observer en priorité, et non le thermomètre. Si l'état général du patient est conservé, la fièvre n'est pas dangereuse parce qu'elle est élevée. Ce sont les autres signes (l'état de conscience, la vitalité, la respiration, les vomissements, les diarrhées, ...) qui doivent nous alerter sur la gravité de l'état.

 

Un enfant peut être relativement en forme à 40°C voire davantage : il joue, il boit et se comporte normalement même s'il a moins d'énergie. Un autre enfant peu être très affaibli, geignant, trop pâle ou même grisâtre avec moins de 39°C, c'est ici que c'est raisonnable de s'inquiéter, peut-être de faire diminuer la température, mais surtout de consulter un médecin. En effet, la fièvre peut provoquer un changement de comportement chez l'enfant (apathie, anorexie, céphalées, diminution des activités...). Dans ce cas, un traitement anti-fièvre est justifié, pas pour normaliser la température mais pour supprimer cet inconfort .

 

 

Des convulsions fébriles :

 

Parmi les enfants, 2 à 5% d'entre eux présentent au moins une fois des convulsions fébriles, le plus souvent entre 6 mois et 6 ans, lorsque leur température monte brutalement. Le petit malade perd conscience, son corps est agité par des mouvements, de tremblements involontaires. La crise est brève, une ou deux minutes au plus (mais < à 15 min). Elle est suivie d'une période brève et impressionnante de coma profond avec arrêt de la respiration. Puis, la respiration reprend et il s'ensuit une période de sommeil normal. Rarement, ces crises peuvent récidiver. Les convulsions ne causent aucun dommage au cerveau. Donc la suppression automatique de la fièvre n'est pas indiquée chez un enfant qui n'a jamais fait de convulsions.

 

On estime qu’environ un tiers de ces enfants présenteront une récidive lors d’un épisode fébrile ultérieur (ce risque est le plus élevé en cas d’antécédents familiaux de convulsions).

 

En cas de convulsions fébriles "complexes" ou "atypiques", c.-à-d. des convulsions fébriles chez un enfant de moins de 6 mois ayant de la fièvre, des convulsions fébriles récidivant au cours d’un même épisode fébrile (24 heures), des convulsions fébriles durant plus de 15 minutes, ou des crises convulsives fébriles focales, ou à plus forte raison en présence de symptômes tels que des pétéchies, il convient d’envisager une pathologie plus grave (une méningite par exemple) et de rediriger le patient; les enfants qui présentent des convulsions fébriles complexes ont un risque accru d’épilepsie.

 

L’administration d’antipyrétiques en cas de fièvre n’est pas très efficace pour prévenir les convulsions fébriles, mais cela peut améliorer le confort de l’enfant. Une étude randomisée récente renforce les preuves que les antipyrétiques n’ont pas d’effet sur la survenue ou sur l’évolution des convulsions fébriles. Lorsqu’il est indiqué d’interrompre la crise convulsive, par exemple en cas de convulsions prolongées, le diazépam par voie rectale constitue le premier choix Folia Pharmacotherapeutica 37, mars 2010, p23 www.bcfi.be .

 

Quant à la déshydratation, elle est favorisée par la fièvre en raison de la transpiration. Mais tant que le malade boit, il n'y a de quoi intervenir.

 

 

Côté pratique :

 

    • Lorsque l'administration d'antipyrétiques s'avère nécessaire, les formes orales (sirops, gouttes) sont à préférer. Les suppositoires ne permettent pas un dosage adéquat (absorption intestinale, intestins remplis de fèces, diarrhée, ...). En cas de vomissement ou de refus de l'enfant, il est par contre conseillé d'éviter les sirops et les gouttes et d'opter alors pour le suppositoire.

    • La fièvre freine la digestion, il est donc recommandé de jeûner aussi longtemps que la fièvre persiste.

    • Assurer une bonne hydratation : il faut boire beaucoup, de préférence de l'eau pure, des tisanes ou des jus de légumes (éviter les jus de fruits : ils contiennent trop de sucres, qui dépriment justement les système immunitaire).

    • Peuvent contribuer à faire baisser la fièvre : dévêtir l’enfant, baisser la température de la chambre et/ou aérer.

    • Prudence :

      • en cas de montée brutale de la température : consulter un médecin

      • chez des bébés de < 1 mois et T° > 38°C : consulter un médecin ; en attendant son passage, allaiter le bébé le plus possible, car le lait maternel contient des anticorps qui peuvent lui aider

      • chez des bébés de 1 < 3 mois, T° > 38°C, malade : idem

      • chez des enfants 3 mois < 3 ans, T° > 39°C, malade : consulter un médecin

      • tout le monde, T° > 40°C : consulter un médecin

        • T° = 41°C : risque réel de convulsions

        • T° = 43°C : mort des cellules cérébrales

    • Ne pas confondre fièvre et hyperthermie :

      • dans le cas d'un coup de chaleur, la température du corps monte jusqu'à 42°C sur des causes purement extérieures, les antipyretiques sont inutiles : il faut activement refroidir le malade et le réhydrater!

      • le principe d'hyperthermie est exploité dans les hammams (température jusqu'à 70°C en atmosphère humide) et dans les saunas secs (jusqu'à 100°C). Ce qui permet de faire monter la température du corps jusqu'à des 40/41°C, ceci par périodes de 10 à 20 minutes. Largement de quoi imposer un stress thermique à tout l'organisme (suivi d'un stress par le froid en prenant un bain/une douche froide).

        • une exposition régulière à des stress par l'hyperthermie et par le froid contribue à une meilleure résistance corporelle contre des agressions externes. En effet, le phénomène est connu depuis des siècles : des agressions de faible intensité (chaleur, froid, jeune, dessication...) peuvent provoquer des effets bénéfiques sur notre organisme, en induisant une réaction de surcompensation après une phase de déséquilibre.

        • toutefois, les effets obtenus seront très différents selon l'intensité, la durée du stress provoqué, ainsi que selon l'âge du sujet.

      • pensez à ôter les couches de vêtements (ou les couvertures) superflues. La chaleur s’évacuera plus facilement. Enfin veillez à maintenir la température de la chambre entre 18°C et 20°C.  

 

Attention : si nécessaire, plusieurs médicaments sont utilisés pour leur action antipyrétique : le paracétamol, et des anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène. Chez le nourrisson de moins de 3 mois, seul le paracétamol peut être utilisé. A condition d’être absolument certain que le petit n’a pas la varicelle, car dans ce cas les anti-inflammatoires sont formellement contre-indiqués.

 

 

Fièvre virale ou bactérienne :

 

Le score BV est un outil relativement nouveau conçu pour déterminer si une infection est d'origine virale ou bactérienne. Il est basé sur les niveaux circulants de trois protéines de l'hôte : le ligand induisant l'apoptose lié au facteur de nécrose tumorale (TRAIL), la protéine 10 induite par l'interféron-gamma (IP-10) et la protéine C-réactive (CRP). Le score BV semble tout à fait adapté pour aider les médecins dans leur diagnostic, et même pour le corriger si nécessaire. Il est évidemment important pour le choix du traitement et en particulier pour éviter de prescrire des antibiotiques inutiles...

          

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