Zoëlho, vers un mode de vie conscient.
Dernière mise à jour : 2024-03-19
Au fur et à mesure que progressent nos connaissances sur l'extraordinaire complexité de la structure, de la physiologie et des fonctions du système gastro-intestinal, en particulier du côlon, nous découvrons combien son rôle est capital dans le maintien d'un état de bien-être et dans la protection de la santé de l'organisme.
Longtemps considéré comme un "tube" assurant essentiellement des fonctions digestives (mastication, trituration, solubilisation, hydrolyse, absorption et excrétion), ce système anatomiquement composé de plusieurs organes (cavité buccale, oesophage, estomac, duodénum, jéjunum, iléus, côlon, sigmoïde et rectum) et de glandes annexes (glandes salivaires, pancréas et foie) apparaît actuellement comme une pièce maîtresse du fonctionnement de l'organisme.
Du point de vue embryonnaire, les cellules nerveuses du tractus abdominal ont la même origine que celle du cerveau central. A un certain moment, elles s'en séparent, migrent vers le ventre pour former le système nerveux entérique (SNE), le cerveau abdominal ou deuxième cerveau. Un cerveau enroulé autour du tube digestif et intestinal qui travaille de manière indépendante du cerveau central. Ou pas?
Le système de défense de l'intestin grêle
Le SNE constitue en effet un centre nerveux indépendant du cerveau central. Il contient un ensemble de programmes commandant le fonctionnement du tube digestif.
Les neurones entériques ne sont donc pas de simples relais du système parasympathique faisant partie du nerf vague qui commande la digestion mais forment un système nerveux autonome, le système nerveux entérique (SNE).
Il est certain que le nerf vague joue un rôle de dirigeant auprès du SNE, mais il ne peut pas lui indiquer comment assurer la digestion.
Les fonctions qu'il exerce ou auxquelles il contribue ne sont d'abord pas seulement digestives mais aussi immunitaires, endocriniennes, voire neurologiques si on évoque l'existence d'un "axe cérébro-intestinal".
Il existe un lien étroit entre le SNR et le système immunitaire, endocrinien et neurologique. Le microbiote intestinal agit avec le cerveau via 3 différentes routes bidirectionnelles :
1. La route régulatrice immunitaire : influence les fonctions cérébrales avec l'aide des cellules immunitaires qui règlent la libération de cytokines, prostaglandine E2 ...
2. La route neuro-endocrinienne : l'intestin est notre plus grand organe endocrinien. Le microbiote influence l'activité de l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien et du système nerveux central (SNC) en gérant la libération de neurotransmetteurs tels que cortisol, dopamine, GABA, tryptophane et sérotonine (5-HT).
3. La route vagale : les bactéries intestinales peuvent exercer une influence sur les neurones sensitifs présents dans le plexus myentérique (Auerbach).
Il existe donc des liens étroits entre le SNE et le système immunitaire, endocrinien et neurologique. La production de peptides régulateurs, les uns synthétisés par le système NC ou périphérique, les autres issus de cellules endocrines dans le tube digestif (e.a. la sérotonine) et le pancréas, confirme la présence du cerveau abdominal et suppose l'existence de mécanismes de rétro-contrôle (feedback) complexes (voir aussi : "Entérohormones").
La sérotonine est synthétisée dans les intestins (95%) et est donc fortement présente dans la périphérie au niveau des muqueuses gastro-intestinales, où elle est responsable de la transduction des signaux vers les cellules impliquées dans la motilité intestinale, et dans les thrombocytes (rôle dans la coagulation).
la sérotonine régule ainsi le processus de la digestion et le système immunitaire...
la sérotonine peut également arriver dans la circulation sanguine et atteindre l'hypothalamus qui joue un rôle dans la gestion de nos émotions.
à leur tour, via le nerf vague, nos émotions perturbent notre ventre (e.a. le temps de transit), et le stress est responsable du noeud dans notre estomac, et d'une réaction inflammatoire à laquelle les bactéries intestinales sont très sensibles...
inversement provoque un microbiote déséquilibré des lésions dans le tractus gastro-intestinal qui montent via le nerf vague vers le cerveau, où elles peuvent former le lit du développement d'affections psychiques telles que : autisme, TDAH, anorexia nervosa, syndromes d'angoisse, dépressions, Alzheimer, Parkinson , ... Nous savons déjà que les patients atteints de la maladie de Parkinson ont un microbiome intestinal différent (Prof. Santens, UGent 2023 03).
nous ne savons pas encore comment le microbiote peut influencer le développement et la fonction cérébrale ainsi que notre comportement. En tout cas, il utilise les routes immunitaires, endocriniennes et neurales de l'axe cérébro-intestinal. Des recherches sont en cours afin d'identifier des troubles de comportements et des troubles associés à des affections gastro-intestinales, telles que le syndrome du côlon irritable (SCI) ou même l'autisme, dont on suppose qu'elles sont liées à une perturbation du microbiote et qui apparaissent souvent comme précurseurs de troubles moteurs ultérieurs.
Mais une flore intestinale différente est-elle la cause ou plutôt la conséquence d'un tel trouble ? On sait qu'une alimentation méditerranéenne protège contre des affections neurodégénératives... Mais en médecine, une alimentation saine est encore trop peu liée à la santé mentale.
Les informations venant du ventre sont présentes en permanence : Little brain donne de ses nouvelles à Big Brain ; la plupart des informations sont transmises du bas vers le haut, parce qu'elles sont plus importantes que celles qui vont de haut en bas. En tous cas, ce qui se passe dans le tube digestif n'est pas sans conséquence pour le cerveau central. Le cerveau abdominal envoie, à travers le nerf vague, neuf fois plus d'informations vers la tête qu'il n'en reçoit.
Ce qui fait dire que notre santé dépendrait de l'entente entre nos deux centres nerveux. Toutefois, quand on est stressé, il se produit beaucoup d'interférences, ce qui peut créer une gêne. Si on cherche à combattre le stress par la méditation, l'activité physique, le yoga, des exercices de respiration profonde ou toute autre méthode qui convient, les symptômes gastro-intestinaux s'atténueront. Parce que l'un agit sur l'autre.
Note :
La leptine et la ghréline (voir "Entérohormones") gèrent les sensations de faim et de satiété (voir plus loin) :
la ghréline est fabriquée par les intestins et stimule l'appétit ;
la leptine est produite par les cellules adipeuses et régule la satiété.
Un sommeil insuffisant entraîne une diminution de la production de la leptine et une augmentation de la ghréline :
peu dormir stimule donc l'appétit et retarde la sensation de satiété ;
des études montrent que dormir peu est responsable d'une prise de poids accrue par rapport à un sommeil sain ; en particulier chez l'enfant, il a été constaté qu'une durée de sommeil inférieure à 10 heures par nuit favorise la prise de poids.
La faim est un subtil canevas de mécanismes moléculaires excitateurs et inhibiteurs censés répondre à des manques. La sensation de la faim et la satiété sont engendrées par des signaux à la fois hormonaux et nerveux et font l'objet d'états conscients liés aux rythmes circadien (24h) et circannuel (an).
La sensation de la faim naît de l'hypoglycémie. Celle-ci déclenche la libération d'hormones, telles que la ghréline, qui agissent sur la région de l'hypothalamus où siègent les centres nerveux de la faim. Des neurotransmetteurs (Peptide Y, hypocétine...) relaient ces signaux et stimulent la prise alimentaire. Les carences en protéines participent aussi à la stimulation de ces centres nerveux de la faim en inhibant la libération du glucagon, l'hormone censée infléchir la baisse du taux de glucose en ramenant ce dernier à 1g/L.
A l'inverse, l'élévation du taux de glucose active la sécrétion d'insuline par le pancréas. Un apport de lipides entraîne celle de leptine par le tissu adipeux, pendant que les protéines assimilées initient un mécanisme de synthèse de glucose dans l'intestin. Certains signaux satiétogènes comme la sérotonine et la dopamine, influent directement sur le système nerveux central où ils jouent le rôle de neuromédiateurs inhibiteurs de la faim.
Le SNE est responsable de la propulsion du bol alimentaire (le péristaltisme provoqué par les contractions des muscles lisses de la paroi du grêle), de l'entretien et de la régulation du système digestif. Il collabore avec le système immunitaire. Il peut modifier le taux de prolifération des cellules muqueuses intestinales. Et les neurones entériques innervent également les organes associés et voisins comme le pancréas.
En contact avec l'extérieur, la muqueuse digestive est une véritable barrière entre le monde extérieur et intérieur. Elle entre en contact avec un grand nombre de molécules étrangères toxiques, voire mortelles. Le SNE doit pouvoir réagir immédiatement en cas de danger, p. ex. en provoquant des vomissements...
Cependant, la vie autonome de l'intestin est menacée de l'extérieur. Car l'offre d'aliments contient de plus en plus d'additifs étrangers à notre espèce.
Il s'agit là d'un processus d'importance historique : car ce à quoi l'intestin s'est préparé depuis des millénaires parvient de plus en plus rarement dans les tubulures. Des nouvelles substances, des nouvelles mixtures arrivent.
De plus, le système digestif concentre entre 70 à 80% des cellules du système immunitaire. Il semble diriger en grande partie le dispositif de défense de l'organisme. Etant donné qu'un grand nombre de substances étrangères s'abattent sur le système immunitaire humain (plus que celui que le programme évolutif de la défense immunitaire a prévu), le front avancé de la défense est surmené! Chez certains individus, la barrière intestinale joue mal son rôle et se laisse traverser par trop de macromolécules. Certaines de ces substances sont nocives et leur accumulation, en conjonction avec des facteurs héréditaires favorisants, va aboutir à de nombreuses maladies.
Il existe une similitude entre les cellules du SNE et SNC :
Les neurones du SNE produisent les mêmes molécules (les neurotransmetteurs tels que : acétylcholine, acides aminés, oxyde nitrique, peptides, de nombreuses molécules messagères ARNm...) que le SNC. Plusieurs centres supérieurs sont reliés au système digestif : régions frontales du cortex et noyaux gris centraux, de fait les relations entre émotion, stress et fonctions digestives sont bien connues, indépendamment de toute pathologie psychiatrique.
L'exemple le plus spectaculaire est celui de la sérotonine qui est produite à 95% par les cellules nerveuses de l'intestin. On sait que certains antidépresseurs provoquent parfois des diarrhées et des dysfonctionnements gastriques. Inversement, certains antimigraineux exercent un effet relaxant sur l'estomac, utile en cas de dyspepsie p. ex. .
L'équilibre entre le SNE et le SNC forme donc les fondations d'une santé parfaite physique, psychique et émotionnel.
L'acidité de l'estomac active une enzyme, la pepsine, qui découpe les grosses protéines en chapelets de petits morceaux, les acides aminés. Par de puissantes contractions, l'estomac malaxe cette bouillie, qu'il expulse ensuite, en petits jets, dans l'intestin grêle. Ce sont les sucres et les protéines, dissous dans l'eau, qui y arrivent en premier, suivis des graisses. A peine entrée dans l'intestin, la bouillie est aspergée de bile, qui neutralise son acidité et agit comme un détergent : elle transforme les grosses gouttes de graisse en une fine émulsion. Le mélange est prêt, pour qu'interviennent les enzymes libérées par le pancréas (en même temps que la bile). Celles-ci découpent les graisses, l'amidon et libèrent les acides aminés de leur chapelet.
L'intestin grêle va de l'estomac au côlon (il comporte le duodénum, le jéjunum et l'iléon). Les voies biliaires et pancréatiques s'abouchent dans le duodénum.
Le pancréas a 2 fonctions essentielles qui se complètent.
le pancréas exocrine : il sécrète des sucs digestifs (ou enzymes pancréatiques) aidant à la digestion du bol alimentaire ; lorsque il est atteint, il se manifeste par des digestions plus difficiles avec selles grasses au premier stade.
le pancréas endocrine : il sécrète des hormones (insuline, glucagon) dans le sang qui sont fondamentales de l'équilibre du sucre.
L'intestin grêle doit sélectionner tous les produits dont l'organisme a besoin pour vivre ; K, Cr, Se, Mg... : et prélever ni trop, ni trop peu ; ainsi que des vitamines, des lipides, des glucides et beaucoup d'autres éléments.
La flore microbienne du tube digestif offre un énorme potentiel enzymatique qui a de nombreuses incidences sur la physiologie de l'individu. Elles interviennent sur :
le transit intestinal (péristaltisme)
les sécrétions d'acides biliaires, cholestérol, hormones, urée...
l'équilibre acido-basique : les bactéries lactiques acidifient le terrain et peuvent diminuer les risques de ces maladies de civilisation
la défense anti-infectieuse (effet immunitaire et effet barrière)
la dégradation des nutriments (digestion complexe) au niveau de l'intestin grêle
les polysaccharides sont dégradés en sucres simples (glycolyse)
les lipides sont dégradés en corps gras simples (lipolyse)
les protéines sont dégradées en acides aminés (protéolyse)
Cette digestion se déroule à l'aide d'enzymes glycolytiques, lipolytiques et protéolytiques présentes dans les diverses sécrétions qui se déversent dans le tube digestif : salive, suc gastrique, bile et surtout suc pancréatique et suc intestinal.
L'intestin assure une absorption sélective des substances digérées par transport passif ou actif : de cette façon,
les produits de la digestion des glucides et des protides, ainsi que triglycérides à chaîne moyenne sont drainés par le sang et passent donc par le foie.
si le passage au travers de la paroi intestinale fait naturellement pour l'eau et les vitamines hydrosolubles, des transporteurs (des protéines de la paroi) doivent faciliter le passage des sucres élémentaires (glucose et galactose), aux acide aminés, et à certains sels minéraux comme le sodium et le chlorure. Ni trop, ni trop peu.
les produits de la digestion des lipides (lipides et acides gras, cholestérol et vitamines liposolubles) par contre passent dans les chylifères, donc par les voies lymphatiques, pour former des chylomicrons (des lipoprotéines comme transporteurs de particules), avant de rejoindre le sang veineux (veine sous-clavière gauche).
L'intestin doit aussi traiter de nombreuses substances chimiques nocives. Si la paroi intestinale est attaquée, elle peut devenir moins étanche avec des conséquences dangereuses : des germes morbides, des allergènes mais aussi des substances psychotropes peuvent pénétrer plus facilement dans l'organisme et arrivent finalement dans le cerveau central (naturellement, la paroi intestinale laisse passer certaines macromolécules : voire "Tolérance orale").
Note : le gros intestin est uniquement impliqué dans la résorption d'eau.
A la naissance, le tube digestif est stérile. La colonisation progressive du tube digestif chez le nourrisson au cours des premiers mois de vie est d'abord réalisée par la flore vaginale et fécale de la mère lors de l'accouchement par voie naturelle, ensuite lors de l'allaitement et par le contact avec le monde extérieur. Plus tard, l'introduction progressive d'une alimentation diversifiée finalise cette colonisation. Cette "contamination bactérienne naturelle de l'intestin" se poursuit jusqu'à 2 ans, âge où la flore intestinale acquiert sa pleine maturité (voir aussi : "Le microbiote"). Cette étape est primordiale car les bactéries possèdent des antigènes. Leur présence entraîne la synthèse d'anticorps spécifiques : de cette façon, le système immunitaire est activé et ses réactions futures seront pré-programmées. L'allaitement facilite ainsi la tolérance immunologique (profil Th2 plus tolérant : voir "Réponse immunitaire") et contribue à un moindre risque d'affections intestinales inflammatoires telles que Crohn, colite ulcéreuse et d'autres maladies inflammatoires des intestins (MICI/IBD) .
Le tube digestif est l'organe le plus important du système immunitaire ; il est impliqué dans de nombreuses réactions infectieuses, mais peut être également un facteur décisif dans les maladies allergiques telles que l'asthme, l'eczéma... (voir également : "Le rôle des probiotiques"). La défense naturelle dans le tractus gastro-intestinal se déroulent à 3 niveaux : la flore intestinale, la muqueuse intestinale et le GALT (Gut Associated Lymphoid Tissue : voir plus loin).
Trop d'hygiène peut empêcher le développement normal de la flore intestinale du nourrisson et du jeune enfant, provoquant pendant les premières années de vie une réponse immunitaire insuffisante et entraînant à un âge avancé, une réponse excessive des systèmes régulateurs lors des contacts avec des allergènes.
On n'est pas 100% humain : au total, plus de 500 espèces bactériennes cohabitent dans le grêle (100.000 milliards de "bactéries amies"). On distingue une flore de passage, incapable de se développer, et une flore résidente, capable de se multiplier et de s'implanter. Cette dernière siège essentiellement dans le grêle terminal et surtout dans le côlon. Cette flore est essentielle au système immunitaire et à l'assimilation des aliments. Elle empêche le développement des "mauvaises" bactéries, dites pétrifiantes, responsables des troubles de transit et des flatulences. L'appendice jouerait un rôle important comme réservoir précieux de la flore bactérienne pouvant protéger l'intestin en cas d'infection . Ainsi, chez les patients chez qui l'appendice a été enlevé, le temps de récupération après une perturbation de la flore intestinale peut être plus long...
L'appendice peut également servir de camp d'entraînement pour le système immunitaire. L'appendice aide à déclencher la réponse immunitaire dans le système gastro-intestinal. Si l'appendice abrite des bactéries bénéfiques et stimule la réponse immunitaire, cela pourrait expliquer le lien avec plusieurs maladies : le syndrome du côlon irritable (SCI), la colite ulcéreuse, la maladie de Parkinson... Une vaste étude épidémiologique a montré que l'appendicectomie est associée à un risque plus faible de maladie de Parkinson et à un âge plus tardif d'apparition de la maladie.
La flore intestinale est influencée par l'acidité gastrique (acidité bactéricide), le péristaltisme (évacuation), le temps de transit, les interactions entre bactéries, l'alimentation (carnée ou végétale ---> resp. flore de putréfaction ou de macération), les anticorps (surtout des IgA), le mucus (paroi protecteur) et la capacité de certaines bactéries à adhérer à des récepteurs spécifiques des cellules épithéliales (ceci peut altérer la morphologie et les fonctions des villosités).
Cette flore vit dans la lumière digestive sans nuire à l'homme et même en lui rendant service :
une symbiose s'établit entre les germes et leur hôte : les bactéries se nourrissent de nutriments, c.à.d. des produits résultant de la digestion; elles parasitent donc leur hôte.
Mais cette flore exerce en revanche, certaines actions bénéfiques pour leur hôte :
elle complète la digestion de certains aliments, dégrade les pigments biliaires, participe à la fabrication de la vitamine K et B12 (rôle nutritionnel), au maintien de l'équilibre acido-basique et de la défense anti-infectieuse (effet barrière et immunitaire) et freine le développement des levures et mycoses. Même le nombre de globules rouges dans le sang est déterminé par la composition de la flore intestinale.
on appelle le système immunitaire intestinal le GALT (Gut Associated Lymphoid Tissue). Il a une mission ambiguë puisqu'il doit réagir contre les pathogènes mais en même temps tolérer les substances alimentaires dans le tube digestif. La flore va stimuler le GALT en lui apprenant à reconnaître les germes toxiques contre lesquels il doit réagir.
Cette population faite de centaines de genres et d'espèces qui ne vivent pas seulement côte-à-côte, mais collaborent activement dans un équilibre parfois précaire mais toujours essentiel pour la santé. Finalement, ces différents genres et espèces de micro-organismes qui colonisent le tube digestif sont autant de cellules spécialisées elles-mêmes structurées en un "pseudo-organe" physiologiquement actif.
Grâce aux interactions entre ces micro-organismes et l'organisme, un écosystème intestinal se développe, se maintient et se défend. Lorsque ce écosystème intestinal est perturbé par une diarrhée p. ex., les bactéries bénéfiques stockées dans l'appendice aideront à repeupler les intestins.
On distingue 3 types de flore intestinale : les entérotypes Bacteroides, Prevotella et Ruminococcus, selon les bactéries qui dominent dans chaque groupe. Ces types de flore intestinale (des signatures bactériennes) sont comparables aux différents écosystèmes naturels (bois, toundra, bois tropicaux, savanes...). Les écosystèmes ont tendance à évoluer vers un équilibre stable, avec des espèces dominants et des espèces dominés. Des études ont montré qu'il existe un lien entre les propriétés humaines (IMC...) et la flore intestinale. Plus l'efficacité des bactéries pour produire de l'énergie à partir des aliments est élevée, plus le risque de surpoids (IMC élevé) est accru. Qui plus est, on a constaté une différence importante entre les entérotypes dans la capacité de produire des vitamines (C, B2, B5, H). La distinction faite entre les trois entérotypes humains va permettre de "comparer des gens comparables", lors d'études sur des aliments, les probiotiques, la maladie de Crohn ou d'autres maladies inflammatoires chroniques de l'intestin. Il faut comparer malades et personnes saines "appartenant au même entérotype" .
La flore intestinale doit être nourrie d'aliments sains. Autrement deviendra cette flore le refuge d'espèces nuisibles qui déclencheront des constipations, des ballonnements, des diarrhées, des inflammations diverses, des altérations de la peau, l'envie de sucré, le surpoids et l'instabilité d'humeur. Des sucres (amidon, glucose, fructose, lactose...) favorisent la prolifération d'une flore fongique qui altère l'immunité et peuvent induire des maladies telles que diabète de type 2, obésité, affections cardiovasculaires et tous types de cancer. Des protéines telles que le gluten peuvent également provoquer des maladies graves comme la colopathie fonctionnelle et la diarrhée sanglante.
La lutte contre un déséquilibre de cet écosystème intestinal passe évidemment par les corrections alimentaires et par le renforcement des défenses immunitaires au moyens de probiotiques, prébiotiques et symbiotiques.
Ce n'est que récemment que les recherches dans le domaine de la flore intestinale se concentrent plus sur la composition d'une flore "saine". Chaque déviation par rapport à une composition saine peut indiquer une source de maladies .
Une flore intestinale saine est composée de germes anaérobies (90% dont les Bifidobactéries, les bactériodes gram (-)...), de bactéries aérobies concomitantes (environ 10% dont Coliformes, Entérocoques, Lactobacilles (trouvés dans le lait)...), et d'une flore résiduelle (< 1% dont Proteus, Clostridia, levures, Staphylococces...). Toutefois sa composition exacte est impossible à établir (voir aussi : "Le microbiote"). La flore intestinale des sportifs de haut niveau montre une présence plus prononcée d'une espèce bactérienne spécifique (Akkermansiacées), réduisant ainsi chez eux le risque d'obésité et d'états inflammatoires systémiques.
---> Bouger pourrait donc influencer positivement la diversité de la flore intestinale.
La proportion des bactéries aérobies dans la flore intestinale ne peut pas être sous-estimée. Aussi bien les bactéries anaérobies que les aérobies jouent un rôle essentiel dans la résistance de l'organisme aux micro-organismes pathogènes.
Les bactéries gram (-) possèdent dans leur paroi le LPS (lipopolysaccharide, une endotoxine d'origine microbien) qui sera libérée au moment de leur détérioration. Ce LPS trahit la présence d'une invasion bactérienne et peut activer les lymphocytes B et les macrophages et les inciter à produire des substances qui reconnaissent plus facilement les bactéries (qui produisent du LPS) et qui vont finalement les détruire. L'activation est lancée par la liaison du LPS aux récepteurs TLR (Toll like receptors), des récepteurs impliqués dans la reconnaissance d'un grand nombre de molécules microbiennes. D'autre part, les bactéries gram (+) ne possèdent pas du LPS mais des peptidoglycanes dans leur membrane, qui peuvent se lier également au récepteurs TLR. Le LPS stimule également la maturation des cellules dendritiques (immunité innée : voir "Le système immunitaire" et "La réponse immunitaire").
Les levures, moisissures et champignons contiennent également une substance qui est reconnue par les cellules immunitaires : le béta 1.3/1.6 glucane. Le béta 1.3/1.6 glucane se lie à au moins 7 différents récepteurs et active les macrophages. L'administration du béta 1.3/1.6 glucane sous forme de supplément présente un effet mesurable sur l'activité des macrophages.
Les macrophages activés libèrent à leur tour des cytokines inflammatoires telles que TNF, IL-1 et IL-6.
Certaines bactéries de la flore intestinale "entraînent" continuellement le système immunitaire de l'organisme. Elles stimulent les cellules immunitaires dans les muqueuses intestinales à produire des anticorps (immunoglobulines) qui nous protègent contre des bactéries pathogènes et des allergies. Le LPS libéré par les bactéries des flores intestinales serait un facteur important pour expliquer la maturation du système immunitaire. Toutefois, lorsque p. ex. les bactéries Escherischia coli (gram (-)) et Enterococcus (gram (+)) sont déficientes dans l'intestin, l'entraînement du système immunitaire devient déficitaire. Ces deux souches en particulier jouent un rôle essentiel dans ce processus d'entraînement.
Causes internes : un déficit en acidité gastrique, en sécrétions biliaires ou en enzymes pancréatiques modifie l'alimentation de la flore. Cette modification favorisera le développement de certaines souches, tandis que d'autres seront dégradées. Une résistance immunitaire défaillante provoquera une déficience en anticorps (de l'immunoglobuline sécrétoire A = slgA) au niveau des muqueuses intestinales et perturbera la composition intacte de cette flore microbienne. Un excès de stress affaiblit également la défense de l'organisme et influence négativement la composition de sa flore intestinale. Lire aussi : "Les troubles gastro-intestinaux".
Causes externes : une alimentation non adaptée et peu variée, riche en sucres raffinés, en graisses saturées et surchargée de protéines perturbera aussi la flore intestinale et donc également le système de défense. Certains médicaments tels que antibiotiques, cortisone, laxatifs et la pilule contraceptive peuvent perturber la microflore intestinale d'une façon directe ou indirecte. Qui plus est, différentes maladies et infections intestinales détériorent les muqueuses intestinales et dégradent sa flore bactérienne.
On croit que les bactéries intestinales et plus spécialement les aérobies du grêle supérieur sont responsables de bien d'autres maladies que les accidents intestinaux brutaux. La Klebsiella pourrait être incriminée dans la spondylarthrite ankylosante, Proteus mirabilis dans la polyarthrite rhumatoïde, Yersinia enterocolitica dans l'hyperthyroïdie de Basedow, etc... Des études ont montré qu'une perméabilité intestinale accrue pourrait constituer un facteur important dans la genèse de ces maladies auto-immunes.
On croit que toutes les bactéries présentes dans l'organisme (au niveau de la peau, du nez, de la bouche, du pharynx, du tube digestif, de l'appareil urogénital...) influencent notre état de santé. Les différences dans les communautés bactériennes que nous abritons (notre profil bactérien ou microbiome) peuvent peut-être expliquer les différences individuelles dans notre état de santé. Il est essentiel de comprendre comment les bactéries interagissent avec l'organisme pour affecter la santé et les maladies. Le profil bactérien de chaque personne apporterait des informations sur son état de santé et sa sensibilité aux maladies. Mais aussi sa réponse aux médicaments et aux compléments alimentaires (vitesse et taux d'absorption...).
Plusieurs résultats d'études ont déjà montré que les variations dans la composition des communautés bactériennes peuvent contribuer à certaines affections chroniques, à des désordres digestifs et même à l'obésité. En plus des prédispositions génétiques et du mode de vie, le microbiome aurait donc un impact sur la prise de poids.
D'autres maladies comme l'asthme et les allergies pourraient également être sous l'influence de bactéries. Certains agents pathogènes, tel que l'Helicobacter pyroli, qui provoque ulcères et cancers de l'estomac, peuvent aussi s'avérer bénéfiques pour l'organisme. Plusieurs études suggèrent que cette bactérie pourrait avoir un effet protecteur contre l'asthme chez les enfants (40% de risque en moins), sur les allergies aux pollens et aux moisissures, et même sur certains cancers oesophagiens.
Certains mélanges de bactéries pourraient aider en cas de stress, angoisses ou dépression : les psychobiotiques.
Même un simple rhume est influencé par des bactéries : toutes les muqueuses, en particulier celles du nez, ont un lien avec la santé intestinale ; en cas de rhumes à répétition, le traitement de la flore peut être bénéfique. Des études avec les probiotiques L. acidophilus et B. lactis Bi-07 montrent des résultats surprenants : par rapport aux enfants du groupe placebo, les enfants entre 3 et 5 ans traités par ces probiotiques étaient moins sujets à des épisodes de fièvre (-72.7%), à des quintes de toux (-62.1%) et à des écoulement nasaux (-58.8%) . L'eau de riz peut aussi aider.
Il faut donc avoir une vision plus complexe de ces organismes : leur présence entraîne des coûts et des bénéfices, variables selon les individus. L'exposition aux infections microbiennes (bactéries, virus) stimule notre système immunitaire et l'empêche de se retourner contre nous. Le H. pyroli a été l'organisme dominant dans notre estomac pendant des milliers d'années. Il est probable qu'une production suffisante d'acide gastrique empêchait son développement nuisible pour la paroi gastrique. Il ne peut pas disparaître (antibiothérapie) sans conséquences (voir : "Les troubles gastro-intestinaux").
Nous avons évolué de concert avec ces microbes, et notre bien-être en dépend entièrement. Prendre soin de sa microflore grâce à une alimentation choisie, c’est faire chuter son risque de maladies tout en améliorant durablement son bien-être car le système digestif est au cœur de notre système vital.
Il y a de multiples raisons de voir notre microflore se déstabiliser: alimentation déséquilibrée, contamination par des métaux lourds ou pesticides, vaccination, stress, usage d’antibiotiques ou encore déficit immunitaire, blessures, opération chirurgicale... Même une simple inflammation peut provoquer de sérieux déséquilibres. Même chez l'enfant, à cause des traitements antibiotiques répétés, on est en train de changer la micro-écologie humaine, sans savoir ce qu'on fait. Serait-il encore possible de rétablir cet équilibre bactérien afin de guérir des malades? Jouer sur les bactéries pour influencer notre santé sera à terme envisageable, mais difficile à mettre en oeuvre.
La muqueuse du grêle est protégée par deux types de défenses : non immunes et immunes.
Défenses non immunes :
Elles interviennent en première ligne :
le suc gastrique qui, par son acidité, a des propriétés bactéricides
le suc pancréatique et la bile qui fractionnent les macromolécules alimentaires et qui forment un courant liquidien emportant de nombreux germes
la motricité de l'intestin suite au péristaltisme
le renouvellement rapide des cellules épithéliales de la muqueuse intestinale (tous les 3 jours)
la flore intestinale : les germes bénéfiques s'opposent à la multiplication des germes pathogènes
les sécrétions intestinales émises au niveau des cryptes (membranes muqueuses)
le mucus, avec les peptides et mucines chacune d'elles étant spécialisée dans la neutralisation d'un agresseur
le lysozyme, une enzyme qui attaque et dissout les parois de beaucoup de bactéries ; se retrouve dans les larmes, le sang, la salive, des oeufs... et souvent présent dans les globules blancs
les défensines, peptides antimicrobiens
...
Défenses immunes :
Elles interviennent en deuxième ligne et s'appuient sur deux structures :
des cellules dissiminées dans la muqueuse :
les lymphocytes B et les plasmocytes qui sécrètent beaucoup plus d'IgA que d'IgM et IgG (voire "Anticorps"),
les lymphocytes T auxiliaires (CD4) et cytotoxiques (CD8),
les macrophages (nombreux), mastocytes, polynucléaires neutrophiles et éosinophiles (rares).
les agrégats de follicules lymphoïdes et les plaques de Peyer
ils captent les hétéroantigènes issus de l'environnement et les présentent aux lymphocytes,
en effet, vers l'extrémité de l'intestin grêle, le gros intestin contient une quantité énorme de bactéries qui ne doivent pas avoir accès à la circulation sanguine.
Et en cas d'échec du système des défenses du grêle? Les conséquences sont de gravité variable : des simples troubles de la digestion, passant par le "Leaky Gut Syndrome (LGS)" (lire aussi : "Les troubles gastro-intestinaux"), jusqu’à la rupture complète des barrières de défense de l’organisme. Dans ce cas, vous risquez la prolifération de germes et d'agents étrangers à l'organisme (p. ex. des protéines de nourriture), pouvant entraîner des réactions inflammatoires, des réactions immunitaires, des infections... jusqu’à respectivement des maladies inflammatoires (p. ex. Crohn), des maladies auto-immunes, une septicémie (infection généralisée) et donc, potentiellement, la mort.
Une réponse inflammatoire provoquée localement peut se propager dans tout le corps. Elle peut également se manifester ailleurs, en affectant le microbiome local. D'où l'importance de comprendre les mécanismes d'action des axes intestin-organe, intestin-peau, intestin-articulation et même intestin-cerveau.
Il a longtemps été considéré qu'il était impossible de modifier significativement cet écosystème intestinal, sauf peut-être de façon transitoire lors d'administration d'antibiotiques, mais l'apparition récente des probiotiques est venue bouleverser ce dogme.
Un probiotique est une bactérie, un micro-organisme ou un ferment vivant qui résiste au contact des sels biliaires et qui exerce des effets bénéfiques pour la santé.
Un probiotique est une bactérie vivante, spécifique apportée par l'alimentation. Le probiotique n'agit que durant son passage dans l'intestin, ces bactéries n'y résident pas. Un apport continu par l'alimentation est donc indispensable.
Les probiotiques ont des effets au niveau des 3 barrières de défense naturelles de l'intestin : la flore intestinale, la muqueuse intestinale avec l'épithélium intestinal, et le GALT (Gut Associated Lymphoid Tissue).
Les propriétés d'un probiotique se manifestent aussi dans son effet : celui-ci est différent d'une souche à l'autre. Ils ne possèdent donc pas la même action intestinale.
Pour être efficaces, ils doivent être adaptées au problème : on sait par exemple déjà que
les Lactobacillus acidophilus inhibe l'Helicobacter pyroli (ulcère d'estomac)
les Lactobacillus bulgaricus et les Streptococcus thermophilus (2 bactéries spécifiques au yaourt) ont leur place dans la prévention de gastro-entérites et pour raccourcir leur durée; aide à faire baisser une tension élevée
les Saccharomyces boulardii, dans la prévention de la diarrhée et de récidives de diarrhée
la famille des "Lactobacillus casei" renforce le système immunitaire (rhume des foins...); diminue les diarrhées et les maladies inflammatoires chroniques telles que maladie de Crohn, Arthrite Rhumatoïde ; favorise la digestion; aide également à faire baisser une tension élevée
les Bifidus (des bactéries lactiques comme les Bifidus essensis dans le Danone Activia°) améliorent le transit intestinal
les Bifidobacterium lactis/longum : prévient et diminue la durée des diarrhées; stimule le système immunitaire et intervient sur l'intensité des affections ORL (rhume, angine, grippe); diminue l'Helicobacter pyroli (ulcère d'estomac); favorise une meilleure absorption et concentration du calcium dans le sang
les Lactobacillus rhamnosus GG améliorent la résistance naturelle aux allergies, diminue l'eczéma et les caries ; prévient la diarrhée et des récidives de diarrhée
les Lactobacillus rhamnosus GR-1 et L. reuteri RC-14 aident à prévenir la récidive des mycoses vaginales
les Lactobacillus plantarum : anticholestérol (réduction des LDL, augmentation des HDL); soulage les ballonnements et favorise la digestion
les Lactobacillus plantarum 299V et Lactobacillus acidophilus (dans le lait), ainsi les Bifidobacterium infantis et B. longum pour atténuer certains symptômes du syndrome de l'intestin irritable (voir aussi : "Troubles gastro-intestinaux")
les Lactobacillus caucasicus (dans le kéfir (voir : "Lait et produits laitiers, les fermentés") pour le bien-être en général et en particulier de la peau
les Lactobacillus gasseri
semblent être la souche la plus représentée des Lactobacillus dans le tractus gastro-intestinal humain : des études montrent des propriétés anti-inflammatoires dans l'intestin de la souris ;
provient à l'origine du lait maternel (éviter l'allaitement perturbe donc l'implantation et la colonisation naturelles de la flore intestinale) ;
pourrait épaissir la barrière muqueuse de l'intestin, empêchant ainsi la pénétration libre des substances novices vers le sang ;
pourrait modifier les signaux chimiques provenant du système digestif, pour changer le traitement de la graisse dans l'organisme (et pourrait donc aider à maigrir)
...
De récentes études randomisées, il ressort que certaines bactéries intestinales peuvent être mises en oeuvre pour lutter contre les caries dentaires, les maladies inflammatoires comme la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse même contre le rhume (voir plus haut). Toutefois, tous les bifidus ou lactobacilles n'ont pas une activité intéressante pour la santé.
Des probiotiques exercent une influence intestinale sur trois niveaux :
l'entretien et le maintien de l'équilibre de la flore intestinale (= son bon fonctionnement) :
digérer la nourriture et combattre les pathogènes avec l'aide des nutriments
altérer le pH local de manière à créer un environnement défavorable aux pathogènes
produire des bactériocines pour lutter contre les pathogènes
éliminer les radicaux superoxydes
stimuler la production de mucine par l'épithélium
concurrencer l'adhésion du pathogène
modifier les toxines dérivées de pathogènes
améliorer l'absorption calcique
produire des vitamines K et du groupe B
réguler le stockage des graisses dans l'organisme
...
améliorer le fonction barrière intestinale : le renforcement de la muqueuse intestinale, protectrice des cellules intestinales (= rendre la paroi intestinale plus imperméable aux agresseurs) et
la modulation du système immunitaire (activation des macrophages locaux pour augmenter la présentation des antigènes aux lymphocytes B et augmenter la production d'IgA sécrétoire à la fois sur le plan local et systémique, réduction de la sécrétion des cytokines pro-inflammatoires).
En se mêlant à la flore résidente, les probiotiques la normalisent, régulent le pH de l'intestin (responsable des odeurs) et empêchent la prolifération des mauvaises bactéries.
Si on mange sainement, inutile de prendre des suppléments probiotiques. Tous les aliments crus sont abondamment pourvus en germes et en fibres dont certains ne seront pas détruits par l'acide gastrique mais qui viendront s'intégrer pour enrichir la flore intestinale (il s'agit de fibres alimentaires (chaînes de sucres) qui ne peuvent pas être dégradées mais fermentées). Les bactéries intestinales sont capables de transformer ces fibres (fermentation) en acides gras à chaîne courte (acide acétique, acide propionique, acide butyrique) qui auront des effets positifs : effet coupe-faim, effet anti-inflammatoire, augmentation des dépenses caloriques lors du repos, renforcement de la barrière intestinale... Sauf que..., les traitements thermiques comme la pasteurisation et la stérilisation ainsi que les cuissons (basses ou classiques) détruisent impitoyablement la plupart des probiotiques.
En particulier les aliments lacto-fermentés, grâce à leur microflore, ont le pouvoir de régénérer la flore intestinale : pollen frais congelé, choucroute crue, yaourt, kéfir, levain (pain), jus de pomme de terre lacto-fermenté, le potage miso et le tamari... (voir aussi : "La dénaturation alimentaire : la fermentation, un cas à part").
En tout cas, aucune allégation sur les probiotiques n'a été acceptée par l'EFSA (European Food Safety Authority) jusqu'à aujourd'hui (2015).
Pour que les préparations probiotiques soient efficaces, elles doivent atteindre leur site d'action, c'est à dire l'intestin, et ceci en nombre suffisant. Dès lors, elles doivent être capables de résister au milieu très acide de l'estomac et à l'action de la bile (10 à 50% des quantités ingérées de bactéries probiotiques arrive dans le côlon vivantes : leur effet est donc aussi déterminé par la quantité administrée). Enfin, certains effets doivent être prouvés : capacité d'adhérer à l'épithélium intestinal, produire des substances néfastes à la flore pathogène et capacité à inhiber la croissance de ces germes.
Le produit de base de probiotiques est le yaourt (voir : "Le lait et les produits laitiers, les fermentés"). Le nom "Yaourt" est réservé à un produit fermenté avec 2 bactéries vivantes précises : Lactobacillus bulgaricus et Streptococcus thermophilus.
Trois grandes familles de probiotiques sont largement utilisées : les lactobacilles, les bifidobactéries et la levure Saccharomyces boulardii. Leurs rôles reconnus se situent notamment au niveau de l'immunité (en particulier grâce à une production accrue d'IgA sécrétoires), des différentes formes de colite, de tous les types de diarrhée, de la lutte contre la constipation, des hépatopathies, de l'absorptions des nutriments, des maladies atopiques et de la prise en charge des allergies alimentaires.
On connaît très bien les effets favorables de certains probiotiques sur la constipation ou la diarrhée, bien que d'autres effets soient plus inattendus ou inconnus. Ainsi on suppose que certaines bactéries intestinales interviennent dans la constitution de nos réserves de graisse (régime probiotique ?). Leur rôle dans le traitement et la prévention d'affections inflammatoires intestinales (surtout d'origine auto-immune) et d'autres infections très fréquentes est cependant pris au sérieux. Certains chercheurs ont observé le bon comportement de certains probiotiques dans les vaginoses, les infections urinaires (les cystites récidivantes?), voire la prévention du cancer colo-rectal.
Et ceci n'est qu'un début : il s'avère maintenant nécessaire de mieux comprendre ce que sont les bactéries probiotiques et quels pourraient être leurs rôles.
P. ex. La levure Saccharomyces boulardii (Sb) :
Cette levure exerce dans la lumière intestinale une série d’effets antagonistes des activités microbiennes. Des actions anti-toxines, entre autres, ont bien été démontrées. Elles résultent principalement de petits peptides produits par la Sb. Elles s’exercent contre les toxines A et B de Clostridium difficile et contre le récepteur de la toxine A présent à la surface de l’entérocyte. D’autres souches de Saccharomyces n’ont pas cette propriété. Une protéine libérée par Sb exerce une inhibition compétitive sur les toxines de Vibrio cholerae qui provoquent la fuite aqueuse caractéristique du choléra. Enfin, la Sb produit une phosphatase qui « déphosphoryle » certaines endotoxines bactériennes, comme le lipopolysaccharide d’E. coli O55B5.
Il a également été démontré in vitro que la Sb inhibe la prolifération de certains pathogènes, parmi lesquels Candida albicans, E. coli, Shigella, Pseudomonas aeruginosa, Stahylococcus aureus, Entamoeba histolytica, ainsi que l’invasion cellulaire par Salmonella typhimurium et Yersinia enterolytica. En plus de cela, la Sb est capable de renforcer les jonctions serrées (tight junctions : barrière basée sur un système ingénieux de clapets régulé par la zonuline) entre les entérocytes, protégeant ainsi l’intégrité et la fonction intestinales.
Via l'axe cérébro-intestinal (voir plus haut), notre flore intestinale et notre cerveau. Il semble donc logique que l'administration de probiotiques pourrait avoir des effets (mesurables) sur le cerveau. En effet, les résultats d'une étude montrent une baisse signioficative de la réponse émotionnelle chez les femmes qui avaient consommé le probiotique, en comparaison des 2 autres groupes. D'autres études chez l'animal suggèrent une portée plus large avec un effet du microbiote sur le développement cérébral peu après la naissance .
Note : l'administration de probiotiques (Lactobacillus rhamnosus GG ou LGG) à des femmes enceintes et pendant les premiers 6 mois suivant la naissance est déjà recommandée : en effet, en administrant ce probiotique, il a été possible de réduire de moitié le risque d'eczéma allergique chez le nourrisson à risque. L'effet protecteur a perduré au moins jusqu'à l'âge de 4 ans. Chez l'enfant, l'administration de probiotiques peut diminuer la sévérité et l'extension de l'eczéma atopique .
Attention :
Tous les produits laitiers fermentés ne sont pas des probiotiques :
souvent ils ne contiennent pas suffisamment de micro-organismes : un probiotique doit contenir un minimum de 10 million de bactéries vivantes par gramme : un simple yaourt n'est donc pas un probiotique
un probiotique doit contenir également une quantité suffisante de bactéries "vivantes" : certains produits laitiers ont été chauffés durant le processus de production (pasteurisation, UHT : voir : "La dénaturation alimentaire"), tuant ainsi les micro-organismes vivants
Les produits suivants correspondent à ces critères :
Actimel° : contient la souche Lactobacillus casei immunitas : contribue à un bon équilibre de la flore intestinale, renforcant ainsi sa capacité de défense contre des intrus potentiellement dangereux
d'après des études, il résulte que l'Actimel° n'empêche pas la survenu d'un refroidissement mais peut limiter ses effets
cette souche bactérienne pourrait aussi soigner une diarrhée provoquée par une antibiothérapie
Activia° : contient la souche Bifidobacterium animalis lactis (ou actiregularis) : elle favorise la digestion
d'après des études, il résulte que cette souche stimule de 20 à 40% le transit intestinal, en particulier chez la femme et la personne âgée
dans le traitement du SCI/IBS, cette souche a prouvé son utilité : voir "Troubles gastro-intestinaux"
Yakult° : contient la souche Lactobacillus casei Shirota (LcS)
stimule le transit intestinal et diminue les symptômes de la constipation (dysfonction de la motilité)
la LcS augmente l'activité des cellules NK (cellules natural killer, appartenant à la résistance naturelle aspécifique)
En pharmacie :
Enterol° : contient la souche Saccharomyces boulardii
d'après des études, il résulte une certaine utilité dans les infections par Clostridium difficile et dans le traitement de la diarrhée induite par une antibiothérapie
Lacteol° : contient la souche Lactobacillus acidoplus
dans le traitement symptomatique de la diarrhée d'origine non-organique et dans la prévention de troubles gastro-intestinaux dus à une antibiothérapie.
Vous pouvez compléter sa flore intestinale avec des probiotiques, mais lorsque ces bactéries n'ont rien a mangé, elles disparaissent inévitablement par votre petit trou.
Les prébiotiques ne sont pas vivants, à l'inverse des probiotiques. Mais ils leur servent de nourriture et les rendent plus performants. Ils ne doivent pas être utilisés par n'importe quelles bactéries mais bien par celles dont on veut stimuler la prolifération. Elles doivent stimuler sélectivement la croissance et/ou l'activité des bactéries intestinales qui ont un impact positif sur la santé et agir sur le bien-être lié à la physiologie du tractus digestif. Pour cela, ces substances ne doivent être ni hydrolysées, ni résorbées, mais parvenir intactes au niveau du côlon.
Nos bactéries intestinales ont elles-même besoin de nourriture et préfèrent voir des MAC (glucides accessibles au microbiote, également appelés "prébiotiques") tous les jours. Il s'agit de fibres alimentaires indigestes qui résistent aux processus de digestion et d'absorption de l'organisme et qui sont fermentées dans le côlon.
Plus précisément, les prébiotiques ou MAC (Microbiota Accessible Carbohydrates) sont des fibres solubles telles que les fructo-oligosaccharides, l'inuline, les pectines, l'amidon résistant et les glucanes. On les trouve dans les haricots, les lentilles, les bananes vertes, l'avoine, l'orge, l'ail, les oignons, les asperges et les pommes de terre. Lorsque vous faites cuire des pâtes, du riz et de l'avoine et que vous les laissez refroidir, vous obtenez de l'amidon résistant.
Voir aussi : "Microbiote".
Une série d'études démontre une action favorable des prébiotiques (ou des symbiotiques) sur l'ensemble des maladies intestinales inflammatoires.
Qui plus est, les prébiotiques jouent un rôle dans la régulation du métabolisme des lipides, des glucides mais aussi de certaines hormones intestinales. Des prébiotiques pourraient e.a. augmenter la sensibilité à la leptine. Ils aident ainsi à lutter contre le diabète de type 2 et l'obésité .
Il a été montré que les prebiotiques étaient capables de modifier la flore intestinale et toutes les fonctions associées, mais aussi qu'ils étaient capables de réduire le taux de lipides dans le sang. Même une amélioration au niveau de l'absorption de calcium a été observée.
Il s'agit en général de fibres végétales. En effet, certains ingrédients alimentaires tels que les fructanes (ou fructo-oligosaccharides, FOS) du type inuline, peuvent stabiliser la barrière muqueuse intestinale en créant e.a. un milieu plus acide par fermentation et en entraînant une augmentation de la production de mucine par les cellules sécrétoires de l'intestin, ce qui contribue à lutter contre l'infection systémique. Cette modification de l'environnement conduit à un amenuisement des bactéries pathogènes acidosensibles. Autres mécanismes en jeu : les phénomènes de compétition au niveau des récepteurs d'adhésion, la production de substances antimicrobiennes, ou encore la stimulation du système immunitaire...
Les prébiotiques exercent bien d'autres effets progressivement mis en lumière :
l'augmentation de l'absorption intestinale de certains minéraux (calcium...)
la restauration d'une homéostasie lipidique et glucidique, via notamment la production de peptides intestinaux satiétogènes
la stimulation du système immunitaire et des fonctions de barrière de l'intestin
la réduction du développement tumoral (cancer colique...)
Les galacto-oligosaccharides, dérivés de lactose obtenus par synthèse, présentent les mêmes propriétés.
Ils se trouvent naturellement dans l'asperge, le salsifis, le chicon (des racines riches en inuline), la banane, l'oignon, l'ail, le poireau et l'artichaut (riches en FOS). Le petit-lait, dont les peptides bifidogènes (FSC, Lactoferrine...) présentent une action prébiotique, est capable de stimuler sélectivement la croissance des Bifidus.
Il y a assez de bonnes exemples de prébiotiques dans notre alimentation : kéfir, légumes riches en amidon résistant (voir : "Les fibres alimentaires"), chocolat noir (les polyphénols dans le cacao augmentent les populations de Bifidobactéries et lactobacilles et diminuent la famille des Clostridia (Firmicutes)...) .
Les symbiotiques sont des associations de pré- et probiotiques.
Note:
Des postbiotiques indiquent des facteurs solubles (produits ou métabolites) d'origine bactérienne (sécrétion ou lyse) : il s'agit en particulier de facteurs tels que enzymes, peptides, acides téichoïques, muropeptides dérivés de peptidoglycane, polysaccharides, protéines cellulaires de surface et des acides organiques. Les postbiotiques ont des effets bénéfiques sur la santé de l'hôte, mais ne contiennent pas de bactéries actives qui survivent dans l'intestin. La quantité de bactéries non vivantes dans un postbiotique est généralement indiquée en milligrammes (mg).
Voir aussi : "Microbiote".
Notre alimentation est constituée de macromolécules, entre autres, des protéines, des lipides ou des hydrates de carbone. Ces polymères représentent une source de substrats indispensables à notre métabolisme catabolique et anabolique.
Pour pouvoir les absorber au niveau de la muqueuse intestinale, ces macromolécules doivent être réduites en leurs monomères constitutifs : en acides aminés pour les protéines, monosaccharides pour les glucides et en acides gras libres pour les lipides.
Dans la digestion p. ex. :
les protéases (action protéolytique : dégradation des protéines) : trypsine, chymotrypsine, pepsine, élastase, et les protéases végétales : papaïne (papaye), bromélaïne (ananas) ...
les amylases (action amyolytique : dégradation des hydrates de carbone) : amylase, sucrase, maltase, lactase, fructase...
les lipases (action lipolytique : dégradation des lipides) : lipase
Ce processus fondamental à notre survie définit la digestion, qui transforme les aliments en nutriments biodisponibles, c.à.d. assimilables.
La digestion des macromolécules implique une succession d'étapes mécaniques et enzymatiques :
bouche (milieu basique : pH 7) : digestion des hydrates de carbone : l'amylase salivaire (la ptyaline) s'attaque aux fibres d'amidon (glucides complexes dans pâtes, pain...) ; la digestion des glucides complexes est complétée par les amylases sécrétées par le pancréas.
estomac (milieu acide : pH 1-3.5) :
synthèse de la gastrine, hormone activatrice de la production du suc gastrique (HCl) et du facteur intrinsèque (voir "Vitamine B12") : la gastrine, formée dans les cellules G de la paroi gastrique, induit la production de H+ : les cellules pariétales situées dans la paroi gastrique forment à partir de H20 et de CO2 ---> H+ + HCO3- .
les H+ migrent vers l'intérieur de l'estomac pour former du HCl (avec du Cl- sanguin) et
les HCO3- assurent la neutralisation (tampon) du pH sanguin (tandis que les bicarbonates pancréatiques assurent la neutralisation du pH duodénal).
brassage en présence du suc gastrique très acide (---> dénaturation des protéines), riche en pepsine, une enzyme protéolytique qui assure la découpe.
Note :
L'acide chlorhydrique (HCl) joue un rôle important dans :
la transformation du pepsinogène inactif en pepsine active ;
l'optimisation de l'activité de cette pepsine par l'acidification du milieu ;
la stérilisation des aliments (action bactéricide!).
duodénum (milieu légèrement acide à neutre : pH 5-7) :
sécrétions hépato-pancréatiques riches en ions bicarbonates : neutralisation des acides (voir aussi "L'équilibre acido-basique") ;
sécrétion des sels biliaires (taurine!): mise en émulsion des globules de graisses ;
présence de :
lipases pancréatiques : réduction des graisses en micelles hydrolysables ;
protéases : continuation de la digestion des protéines ;
amylases : continuation de la digestion des glucides.
intestin grêle (milieu basique : pH 7-8) : hydrolyse finale des tri- et dipeptides en acides aminés, des disaccharides en monosaccharides, c.à.d. les formes monomériques, seules à pouvoir être absorbées par les entérocytes.
Après absorption à travers de la paroi intestinale des sucres simples (SS), d'acides aminés (AA) et d'acides gras (AG)/monoglycérides, ces composants de base arrivent via la veine porte dans le foie où ils seront utilisés pour former du glycogène (SS), des protéines (AA) et des acides gras à chaîne longue (à partir d'acides gras à chaîne courte dans l'alimentation). Les acides gras à chaînes longues d'origine alimentaire serviront à la synthèse de triglycérides dans les cellules de la paroi intestinale.
La matière non digérée, fibres végétales, protéines et divers autres composés, parviennent dans le gros intestin (côlon).
les fibres végétales : les bactéries transforment les fibres végétales par fermentation, en acides gras à chaîne courte (butyrate, acétate, propionate) qui sont absorbés par les cellules intestinales, puis utilisés comme source d'énergie pour l'organisme. La fermentation produit aussi des gaz, en partie réutilisés par certaines bactéries. Ces fibres nous sont indispensables d’une part parce qu’elles régulent le transit intestinal, d’autre part parce qu’elles sont nécessaires à l’entretien de l’épithélium intestinal. Elles en favorisent l’entretien et la cicatrisation, lorsqu'il s'abime.
les protéines non digérées dans l'intestin grêle : elles arrivent dans le gros intestin (côlon) où elles constituent la principale source d'azote des bactéries qui en tirent 3 types de molécules : des acides aminés dits "essentiels" (indispensables à nos cellules), des acides gras à chaîne courte (source d'énergie pour notre organisme) et des substances telles que l'ammoniaque, des amines et des phénols(toxiques si elles sont présentes en trop grande quantité : elles doivent donc être éliminées).
divers autres composés : les bactéries du côlon transforment aussi d'autres molécules que les enzymes digestives laissent intactes. P. ex., elles utilisent les glucosinolates (molécules soufrées présentes dans le chou, le brocoli et autres crucifères), et les transforment en isothiocyanates, qui possèdent des propriétés anticancérigènes. Elles peuvent aussi convertir le benzoate (additif alimentaire : conservateur E211) en vitamine B8 (biotine).
Tout déficit de digestion, même partiel, peut entraîner des conséquences graves pour la santé :
une digestion incomplète peut entraîner une carence en nutriments;
les macromolécules non digérées peuvent être utilisées comme substrat pour les bactéries intestinales qui se développent de manière excessive :
les hydrates de carbone non digérés stimulent la flore de fermentation (---> ballonnement et diarrhée) ;
les protéines non digérées favorisent la putréfaction (---> selles malodorantes et diarrhée) ;
les graisses non ou partiellement digérées provoque une diarrhée graisseuse faite de selles pâteuses, décolorées, malodorantes et adhérentes (stéatorrhée)
toute perturbation de l'équilibre entre les bactéries intestinales (dysbiose) peut être responsable d'une altération de la fonction de barrière de l'intestin (risque d'une défaillance de l'étanchéité intestinale) : étant donné que les macromolécules non digérées ont une entité antigénique, elles peuvent être reconnues comme étrangères si elles se trouvent dans notre organisme en produisant des anticorps (IgG, IgM et IgE) qui sont la base des allergies alimentaires et de certaines maladies auto-immunes. Cette dysbiose peut être responsable d'une altération de la fonction de barrière de l'intestin, le "Leaky Gut Syndrome (LGS)". Lire aussi : "Les troubles gastro-intestinaux".
Causes d'un déficit de digestion :
un défaut de mastication : la mastication stimule la production des sucs digestifs
une insuffisance salivaire : la salive contient des ferments qui sont impliqués dans la dégradation des aliments
un stress : et manger trop vite
une hypochlorhydrie gastrique (éventuellement suite à un traitement médicamenteux)
une insuffisance enzymatique (lactase, pepsine...)
une insuffisance biliaire ou pancréatique
une dysbiose intestinale
souper trop tard dans la soirée : l'organisme produit moins de sucs gastriques le soir (cycle jour-nuit) et n'est plus capable de digérer les aliments ingérés de la même façon que le matin ; il est donc conseillé de souper avant 18h00.
La dysbiose (perturbation des rapports entre les bactéries de la flore intestinale) est un des premiers dégâts occasionnés par la maldigestion. La dysbiose intestinale va être à l’origine d’une inflammation de l’intestin qui provoquera l’ouverture des jonctions GAP et l’apparition d’un intestin hyperperméable (altération de la fonction de barrière de l'intestin grêle) : "Leaky Gut Syndrome (LGS)". Les cytokines inflammatoires libérées par la paroi intestinale peuvent bloquer les récepteurs à la dopamine, à la sérotonine mais peuvent également être responsable de fatigue, prise de poids, perte de cheveux très importante ce qui est fréquent, mais aussi d’autres pathologies.
Le problème est que le « syndrome de l'intestin perméable » n'est pas reconnu par la communauté médicale et qu'il ne figure pas parmi les milliers de diagnostics de la 10èmerévision de la Classification Statistique Internationale des Maladies et des Problèmes de Santé Connexes (ICD-10). Cependant, il est lié à suffisamment de preuves réelles pour le rendre intriguant .
Ballonnements, formation de gaz, éructations, mauvaise haleine, pyrosis (reflux gastrique), douleurs abdominales, régime irrégulier des selles (constipation ou diarrhée, ou alternativement constipation/diarrhée...), prise/perte du poids, perte de cheveux, douleurs diffuses, résistance des récepteurs cérébraux (mal-être, dépression...), blocage des récepteurs cellulaires (insuline, oestrogène, testostérone...) ... peuvent être mis en relation avec une dysbiose intestinale.
Cette dysbiose est en premier lieu provoquée par e.a. un état d'hypothyroïdie (avec ralentissement de péristaltisme, favorisant la putréfaction)une réaction d'intolérance (gluten, lactose, fructose...) et/ou une réaction allergique d'origine alimentaire (lait de vache, caséine...), du café et des sucres rapides (fructose!), des acides gras trans, des antibiotiques à large spectre (avec perturbation (parfois définitive) de la flore intestinale), des AINS et des inhibiteurs de la pompe à protons (qui perturbent le pH gastrique et donc également la digestion des protéines).
Une dysbiose est parfois provoquée par la prolifération de
levures (principalement par l'espèce Candida albicans, mais également par d'autres espèces de candida ou espèces fongiques tels que Geotrichum ou Saccharomyces)
amibes (type Blastocystis hominis) ou de flagellés (Giardia intestinalis)
autres protozoaires ou helminthes
Une dysbiose intestinale d'origine fongique ou parasitaire est souvent liée à :
une antibiothérapie fréquente
un stress continu
un système immunitaire affaibli
Une dysbiose fongique se présente en particulier chez la personne consommant trop d'hydrates de carbone, en particulier beaucoup de sucres simples.
Depuis longtemps, on croyait que le stress influençait uniquement le péristaltisme intestinal (le mouvement propulseur). Actuellement on sait que, en cas de stress, la flore intestinale elle-même réagit immédiatement et fortement. Une augmentation sensible dans la production de "bactéries de stress" a été constatée, entraînant des déséquilibres, et à terme des maladies auto-immunes. En effet, trop susceptibles, les bactéries habituelles de la flore intestinale déclencheront une réaction disproportionnée du système immunitaire (pour défendre l'organisme), provoquant une série de réactions successives (et de symptômes), pouvant aboutir à une inflammation de la muqueuse intestinale (p. ex. dans la maladie de Crohn).
Il existe certainement un ou des facteurs déclencheurs qui permettent le développement de cette inflammation chez les personnes génétiquement prédisposées. A l'origine, notre alimentation est-elle en cause? On ne sait pas très bien. Une alimentation riche en sucres et en graisses favorise ce développement, ainsi que le tabagisme. Eviter certaines substances alimentaires (p. ex. des céréales riches en lectines) peut aider aussi.
Il est évident que la lutte contre le déséquilibre de l'écosystème intestinal passe par des corrections alimentaires, des corrections d'habitudes alimentaires et par le renforcement du système immunitaire au moyen de probiotiques.
Le bon fonctionnement de l'intestin exige un apport suffisant de substances de base pour :
la membrane intestinale : des acides gras saturés et polyinsaturés (AGPI) type oméga 3 (EPA et surtout DHA) indispensables pour nourrir la bicouche phospholipidique (voir également "Structure membranaire") ; ils assurent sa flexibilité suffisante et préservent la fonction des protéines transmembranaires.
la protection des doubles liaisons des AGPI : antioxydants spécifiques, tels que la quercétine, afin d'optimiser la perméabilité de la membrane intestinale.
l'apport énergétique : toutes les cellules à renouvellement rapide recourent à un carburant spécial, la L-glutamine. Les régimes pauvres en protéines ou fortement hypocaloriques, ainsi que des situations de stress important (intervention chirurgicale...) peuvent entraîner un déficit en cet acide aminé indispensable.
éviter une réaction d'allergie alimentaire : pour le bon fonctionnement de l'intestin, il s'avère nécessaire d'éviter des aliments allergisants, qui produisent des anticorps IgE et IgG. Un supplément d'enzymes digestifs végétaux (capables d'agir dans une large gamme de pH) peut être utile afin d'éviter la présence prolongée de macromolécules non digérées.
rééquilibrer la flore intestinale : probiotiques (toujours le matin à jeun), prébiotiques ou symbiotiques : après un nettoyage du côlon, une antibiothérapie, une diarrhée fortuite... une culture des selles peut aider à choisir les formules probiotiques les plus adéquates, accompagnée éventuellement d'un dosage des métabolites organiques urinaires pour éviter des résultats faussement négatifs.
Note :
Des organismes homéostatiques du sol (OHS) : une composition de probiotiques contenant un mélange unique d'organismes homéostatiques du sol (OHS). Les OHS contenus dans ce type de produit sont d'importants probiotiques qu'on trouvaient jadis en abondance dans la nourriture si celle-ci provenait de sols libres de pesticides, d'herbicides et d'autres produits chimiques largement utilisés. En effet, les produits obtenus actuellement par l'agriculture conventionnelle ont été pasteurisés, irradiés et désinfectés. Ils sont quasi stériles.
ZOELHO (c) 2006 - 2024, Paul Van Herzele PharmD Dernière version : 15-déc.-24
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